J’aime toutes les cuisines mais celle qui m’a nourri l’esprit, le cœur et mon estomac depuis que je suis enfant, c’est la cuisine française. Mon père cuisinait très bien et il m’a fait aimer cet art de vivre qui s’est forgé à travers les siècles, nourri par la diversité des terroirs, des traditions et des savoir-faire transmis de génération en génération. Lorsque j’allais chez lui, je savais qu’il avait préparé un plat en cocotte ou un poisson au four ou encore un gratin… Côté dessert, ce n’est pas avec lui que j’ai développé mon côté bec sucré. Ce n’était pas son truc, il y avait que des yaourts ou de la glace au congélateur.
J’ai commencé à cuisiner à l’adolescence parce que j’ai eu envie de tester de nouvelles recettes. Je découpais les fiches recettes du magazine “Elle” auquel ma mère était abonnée, j’ai emprunté des livres à la bibliothèque, je m’en suis fait offrir et j’en ai acheté plein aussi. Le premier qui m’a vraiment marqué et que j’avais reçu à un noël est celui de Joël Robuchon sur la pomme de terre : “Le meilleur et le plus simple de la pomme de terre”. Il a été ma bible pendant longtemps.
Je n’aime pas la monotonie en cuisine mais je suis attachée à certains plats ou desserts. Et je les refais régulièrement. Certainement parce qu’ils me ramènent à des souvenirs précieux.
Nous avons une chance incroyable, notre cuisine célèbre les produits locaux, puise dans la richesse de la terre et je trouve qu’elle sait sublimer chaque ingrédient pour en révéler toute la saveur. Dans cet article, j’ai eu envie de plonger et vous emmener au cœur de la gastronomie française, à la découverte de recettes emblématiques qui ont traversé le temps, des plats traditionnels aux délices sucrés, en passant par les trésors salés de nos régions.
Les entrées
Commençons ce voyage culinaire par une soupe iconique qui incarne à elle seule l’esprit convivial et chaleureux de la cuisine française : la soupe à l’oignon. J’aime ce bouillon aromatique très simple avec des oignons émincés (préalablement revenus à feu doux dans du beurre), agrémenté de tranches de pain grillé et de fromage râpé, est un véritable réconfort pour les soirées fraîches d’hiver.
Autre soupe, le velouté des cèpes ! C’est un must pendant l’automne. Partir en forêt, chercher les champignons et revenir victorieux ça met déjà en appétit, vous ne trouvez pas ? J’y ajoute des châtaignes pour un résultat onctueux et je garde quelques cèpes en finition que je fais poêler et que j’ajoute au dernier moment sur le velouté. Qui a dit qu’une soupe ce n’était pas gourmand ?
Quand on parle de tradition, on pourrait penser à la salade de pomme de terre primeur ou bien aux haricots tarbais. Dans le sud-ouest, c’est la légumineuse favorite, on en mange de 1001 façons. Bien sûr, ils sont les meilleurs amis du cassoulet mais est-ce que vous les avez déjà goûtés en salade avec une vinaigrette légèrement relevée ou dans un velouté avec des chips de jambon cru ? A tester absolument au moins une fois dans votre vie. Et pour tout vous dire, on peut même les cuisiner en version sucrée dans un cake aux fruits, leur saveur est insoupçonnable.
Les plats principaux
Passons maintenant aux plats principaux, véritables piliers de la gastronomie française. On ne peut pas passer à côté du bœuf bourguignon, non ? Cette recette mijotée en cocotte, où la viande est confite à feu doux dans un mélange de vin rouge, d’oignons, de carottes et de champignons, est un véritable hommage aux saveurs de la Bourgogne. Je commence toujours la cuisson la veille et je remets à cuire le lendemain matin : la viande devient ultra-fondante, les arômes sont encore plus développés. Mon petit plus, j’ajoute toujours un carré de chocolat noir pour donner de la rondeur à la sauce. Vous aussi ? Et comme accompagnement, je sers soit des pâtes fraîches ou de l’écrasée de pommes de terre dans laquelle on forme un puis pour y glisser de la sauce dedans.
Dans un registre plus léger mais tout aussi savoureux, les joues de porc au cidre font partie des plats préférés à la maison qui séduit par sa tendreté et son fondant. La joue de porc est un morceau bon marché mais finalement assez méconnu (on a plus souvent des recettes avec de la joue de boeuf). N’hésitez pas à la commander à votre charcutier préféré. Le secret : une cuisson lente en cocotte dans du cidre doux et avec des carottes en rondelles et de l’oignon émincé. Les joues de porc vous révèleront toute leur délicatesse et leur parfum subtil. C’est également un plat que vous pouvez préparer la veille et faire réchauffer le jour J. Je le sers avec des gnocchis poêlés.
Si je repars dans le nord de la France, je suis obligée de vous proposer des endives roulées au jambon. Vous n’aimez pas trop ce plat car vous trouvez que les endives rejettent trop d’eau ? Je comprends, moi aussi je n’aimais pas en manger à cause de ça : la vue d’un plat avec une sauce délitée ne me faisait pas particulièrement envie. Mon astuce : en faisant braiser les endives au préalable, fini ce désagrément. Vous pourrez en profiter pour ôter le talon des endives, et enlever la petite amertume qui s’y loge. Et puis, la sauce béchamel reste onctueuse et franchement, c’est délicieux avec une bonne couche de fromage râpé gratiné.
En parlant de béchamel, qui peut résister à un croque-monsieur tout juste sorti du four ? A la version au pain de mie, je préfère celle avec du pain rustique type au levain. Vous allez y gagner en saveur et en caractère. Au niveau de la garniture, le combo jambon blanc, fromage type Comté ou Beaufort plus béchamel a vraiment fait ses preuves. Petits ou grands, tout le monde adore ! Et les jours où vous avez acheté un peu trop de croissants pour le petit déjeuner, remplacez le pain par ces viennoiseries, vous allez vous régaler.
Un peu plus classique voire même traditionnel, la noix de veau sauce champignons à la crème. Quand je n’ai pas beaucoup d’idée pour un repas familial, ce plat me sauve tout le temps. Je remplace le veau par du poulet ou du filet mignon de porc et ça fonctionne très bien. Je commence par faire revenir des champignons de Paris à feu vif que j’enlève de la poêle. Je les remplace par du beurre que je fais mousser et j’y ajoute la viande bien épongée préalablement farinée. Mon secret : au moment d’ajouter la crème fraîche, je mets également de la moutarde forte pour donner du relief. N’oubliez pas le pain car c’est sûr, vous aurez envie de saucer.
J’habite à côté des montagnes mais pas du côté des Alpes. Pourtant, pendant la période hivernale, j’adore la raclette et la croziflette. Il existe différentes sortes de crozets, mes préférés sont ceux au sarrasin avec leur petit gout de noisette. Ces petites pâtes carrées qui sont une spécialité de Savoie se trouvent aisément au supermarché. Quant à la recette, elle est très facile à réaliser et les proportions peuvent se multiplier. C’est pratique lorsque l’on est nombreux à table. Et concernant la raclette, nous aimons tellement de fromage que je réalise parfois des burgers à la raclette et aux oignons caramélisés. Cela vous tente pour la prochaine saison de ski ?
Quand je suis arrivée dans le sud-ouest il y a un peu plus de 10 ans, j’ai découvert le boudin béarnais. Il se caractérise par son diamètre beaucoup plus large que les boudins “classiques” aux oignons ou boudins blancs et surtout l’intérieur est composé de morceaux de tête de porc qui ont longuement cuit dans une garniture aromatique. Les boudins sont ensuite égouttés puis placés au réfrigérateur. Ils peuvent être consommés dès le lendemain et se conservent au frais pendant 4 à 5 jours. Il existe également une version piquante au piment. On peut le déguster froid en fines tranches à l’apéritif ou bien chaud, juste poêlé. Comme pour son cousin, le boudin aux oignons, je le sers avec des quartiers de pommes revenues dans du beurre ou en format tartelette avec des feuilles de brick, c’est un régal.
Les accompagnements
Qui dit plat principal dit souvent accompagnement, et là encore, la cuisine française excelle dans l’art de marier les saveurs et les textures.
Un accompagnement incontournable, le gratin de pâtes au fromage est un plat cosy à souhait et gourmand qui séduit toutes les générations. Dans cette recette traditionnelle, les pâtes sont cuites al dente puis mélangées à une sauce béchamel (encore elle !) onctueuse et à un mélange de fromages fondants, avant d’être gratinées au four pour obtenir une croûte dorée et croustillante. Voici les proportions pour toujours la réussir : 60 g de farine et 60 g de beurre avec lesquels vous allez faire un roux puis 1/2 litre de lait chaud. Mélangez vivement puis doucement, le temps que la sauce épaississe. Pour assaisonner : de la noix de muscade, du sel et du poivre.
Le fromage et le dessert
Terminons ce festin en beauté avec une sélection de desserts qui célèbrent la douceur et la gourmandise à la française mais auparavant, il faut une petite place pour le camembert rôti au four. Lors de votre achat, prenez un fromage au lait cru, légèrement affiné et surtout prévoyez du pain au levain que vous ferez griller. Dès que le fromage est bien coulant, passez à table immédiatement et régalez-vous !
Place aux desserts ! Pas de saisons pour les crêpes, à la maison, il y en a tout au long de l’année. Les accompagnements changent selon les saisons. En hiver, mes crêpes à l’orange sont une variation ensoleillée de la célèbre crêpe Suzette. Garnies d’une sauce à l’orange légèrement caramélisée et flambées au grand Marnier, c’est un véritable délice !
Autre dessert incontournable : le riz au lait, un grand classique de la cuisine française. Dans cette recette traditionnelle, le riz est cuit dans du lait chaud (moi j’y ajoute un peu de crème liquide) et parfumé à la vanille, puis sucré à souhait. Je le laisse cuire à feu doux sans que le lait ne soit complètement absorbé puis je le dépose dans un saladier que je filme tout de suite “au contact”. Cela évitera à votre riz au lait de former une petite croûte sur le dessus. Et comme il reste encore un peu de lait à absorber, le résultat sera très crémeux. A déguster froid ou tiède.
Poursuivons notre voyage gustatif à travers les délices sucrés de la cuisine française. Les madeleines, par exemple, sont des petites bouchées de bonheur qui évoquent la douceur des goûters d’enfance. Leur texture moelleuse et leur parfum de vanille ou de citron en font une gourmandise irrésistible, parfaite pour accompagner une tasse de thé ou de café. Elles sont toujours meilleures le jour même de leur fabrication. Pour la bosse, c’est un jeu d’enfant : placez votre pâte au réfrigérateur pendant plusieurs heures. Lorsque le four est chaud, déposez la pâte dans les alvéoles du moule et enfournez tout de suite. C’est le contraste entre la pâte très froide et la chaleur du four qui vont créer la bosse. Je vous donne tous les détails pour obtenir des madeleines parfaites dans cet article sur les madeleines au citron.
Pour les amateurs de chocolat, rien ne vaut les tartelettes au chocolat, où la richesse du cacao se marie à la finesse d’une pâte sablée. Lors de la cuisson au four, surveillez bien le moment où la ganache est encore un peu tremblotante : c’est le moment où il faut sortir vos tartelettes. En refroidissant, vous aurez une texture un peu fondante qui va contraster avec le croustillant de la pâte. Note à moi-même : je devrais en faire plus souvent car c’est toujours un dessert très apprécié.
Et que dire de la tarte abricots à la crème d’amandes, où la douceur des fruits mûrs rencontre la richesse d’une crème d’amandes fondante ? Cette tarte, à faire en saison, à la fois rustique et sophistiquée, est un véritable hommage à la générosité des terroirs français, où les fruits de saison sont mis à l’honneur avec simplicité et élégance. Sans oublier la tarte diplomate aux fraises à faire dès le printemps ! Ce dessert est composé d’une pâte sablée cuite à blanc. Elle est ensuite garnie d’une crème à la vanille dans laquelle on va ajouter un peu de fécule de maïs pour la rendre un peu plus dense. Lorsqu’elle a bien refroidi, on lui ajoute de la crème fouettée et on garnit le fond de tarte. Il suffit d’ajouter les fraises coupées sur le dessus et le tour est joué ! Ce dessert ne supporte pas trop d’attendre (avec le temps, la crème peut détremper la pâte), faites le montage au dernier moment !
Enfin, pour un dessert qui ravira les petits comme les grands, rien de tel qu’un gâteau marbré vanille-cacao pour le goûter. C’est un classique dont on ne se lasse pas. Pratique, on peut aussi le glisser dans une boîte à goûter, une boîte à pique-nique. Pour le conserver, je vous conseille de bien l’envelopper dans un film alimentaire, il gardera tout son moelleux.
Les confitures et compotes
Dans la tradition française, les confitures et compotes occupent une place de choix à la table du petit-déjeuner ou du goûter. La confiture d’abricots, par exemple, fait partie de celle que je préfère. J’y ajoute toujours une gousse de vanille pendant la cuisson. Étalée généreusement sur une tranche de pain frais ou une tartine de brioche, elle apporte une touche de soleil à chaque bouchée. Pour me faciliter la tâche, j’utilise un sucre spécial à confiture qui permet de gagner un temps fou en cuisine, quelques minutes de cuisson suffisent.
Et que dire des compotes de fruits, ces petites douceurs qui évoquent les saveurs de l’enfance ? La compote de pommes dégustée encore un peu tiède où la simplicité des ingrédients laisse place à une saveur authentique. On peut aussi la consommer froide. En tous cas, elle accompagne à merveille les desserts comme dans une tarte aux pommes ou se déguste simplement à la petite cuillère, pour un moment de réconfort et de gourmandise.
Les spécialités régionales
En parcourant la carte culinaire de la France, on découvre une multitude de spécialités régionales, chacune ayant ses propres recettes et ses propres traditions. En Bretagne, par exemple, le far breton est une institution, un gâteau moelleux aux pruneaux qui évoque les saveurs authentiques de la campagne bretonne. J’aime sa texture dense et son parfum délicat qui en font un dessert incontournable lors des repas de famille ou des fêtes traditionnelles. La question est comme pour le clafoutis “les fruits avec ou sans noyau” : pour moi, c’est toujours avec car je trouve qu’ils donnent une saveur supplémentaire au dessert.
Dans le sud-ouest, c’est le pastis landais est un classique avec le gâteau basque. Avant d’habiter ici, je n’en avais jamais entendu parler. Ce gâteau moelleux parfumé – un peu comme une brioche – est meilleur lorsqu’il a 1 ou 2 jours se déguste en tranches généreuses. Dans ma belle-famille il est servi avec une crème anglaise maison. Et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, il n’y a point de pastis dans la pâte : pastis vient du patois “pastis bourit” qui veut dire “pétrir la pâte”.
Ne nous arrêtons pas en si bon chemin… Si on continuait avec une belle brioche vendéenne ? C’est ma recette préférée. Je vous conseille vivement d’avoir un robot car il est nécessaire de pétrir la pâte pendant un bon quart d’heure. Avec cette recette, vous obtiendrez une grosse brioche qui mesure bien 30 centimètres de long, un format idéal pour les brunchs et les week-end. Sa mie est riche en arômes de beurre, elle peut se déguster fraîche ou bien passée rapidement au grille-pain. Et pour la dégustation : une lichette de beurre et/ou de confiture. Pour la conserver, je vous conseille de l’envelopper dans un torchon, tout simplement.
Un peu plus riche que la brioche, il y a les beignets. Je n’en fais pas souvent mais vraiment j’en raffole. Ils sont synonymes de fête, de goûter un peu exceptionnel. Les versions les plus emblématiques de la tradition française sont pour moi les beignets aux pommes et les beignets de mardi gras.
Les premiers sont fruités et parfaits quand on a beaucoup de pommes à écouler et que l’on n’a pas vraiment envie d’une tarte ou d’une compote. Il suffit de couper des tranches de pommes d’une épaisseur d’environ 1 cm et de les enrober dans une pâte fine à beignet puis dans la friture. On les égoutte et on ajoute un peu de sucre en poudre pour la finition. Quelques instants d’attente et ils sont prêts à être dégustés. Les seconds sont un peu plus longs à réaliser (comme pour la brioche, il y a un temps de pousse). Lorsque la pâte est bien réalisée, on a l’impression de croquer dans un petit coussin moelleux. Attention à la température de l’huile : 180 degrés pas plus pour obtenir des beignets bien dorés qui ne vont pas absorber trop de gras. Ils sont juste succulents nature ou, pour les plus gourmands, fourrés avec un peu de pâte à tartiner.
En conclusion, la cuisine est un véritable trésor culinaire, où chaque plat raconte une histoire, où chaque saveur évoque un terroir, où chaque recette révèle un savoir-faire ancestral. Nous avons ce bonheur de pouvoir y goûter quotidiennement avec des mets plus ou moins sophistiqués. Laissez-vous emporter par ces délices qui ont traversé le temps, et savourez chaque bouchée comme un hommage à la tradition et à l’art de vivre à la française. Et comme le dirait Julia Child qui était tombée follement amoureuse de la cuisine française après un repas dans un restaurant à Rouen : bon appétit !